Jacques Brel n'a
pas, à ma connaissance, de statue. Il n'en aurait
pas voulu. Il a été toute sa vie hors des
certitudes, hors du conformisme, hors du respect,
hors de la société et il a même eu le courage d'être
souvent hors de lui.
Il n'y aurait même pas pensé à la statue ! « Penser
à plus tard, ça tue les rêves » disait-il. Il en
aurait rigolé. Il en a fait une chanson.
C'est avec cette chanson que débute le spectacle
J'vous ai apporté des bonbons. Une chanson qui
permet à Jacques Brel d'expliquer qu'il n'est pas
homme à supporter les hommages, les ronds de jambes,
les platitudes.
Toute sa vie il a été en marche, toute sa vie il a
crié, lutté, toute sa vie il a défendu son idéal.
Et cet homme, ce poète, nous avions envie de le
rencontrer. à travers son œuvre
mais aussi à travers ses prises de positions, ses
colères, ses questions, ses provocations. « Je me
trompe parfois, mais je suis de bonne foi ! »
Et nous avons fait comme lui, nous sommes « allés
voir » et nous sommes rentrés dans son monde à lui :
le monde des hommes. Tel que nous l'avons rencontré,
nous avons cherché à le restituer et c'est pourquoi,
tout au long du spectacle, Brel le poète dialogue
avec Brel l'homme public, le rêveur, l'homme de
cœur, l'homme en marche.
« Un homme, c'est pas fait pour être immobile,
c'est fait pour bouger » -« Mon idéal c'est
tenter, essayer, bouger et aimer.
Et nous avons pris la route avec lui en suivant ses
chansons, ses interviews, ses galères. Non pas en
essayant de le copier, ni même de l'imiter, mais de
vivre à sa manière : ses aventures, son pays, les
femmes, les amis, la gloire, la solitude, la
vieillesse, la mort, l'espoir, l'Amour. «
Aimer,
même trop, même mal ! »
Et peu à peu, cette rencontre nous a fait découvrir
le monde caché de Jacques Brel. Chacun de ses textes
a révélé, sous l'apparente évidence des mots, un
monde de tendresse, d'amour et de générosité.
« Les mots s'allument » comme il aimait à le
dire. Dans chaque mot il y a l'honnêteté d'un homme
qui est d'abord et avant tout « honnête avec ses
passions » même s'il doit se tromper, se contredire,
se faire mal.
J'vous ai apporté des bonbons, comme la chanson, se
veut un spectacle naïf, ce qui veut dire, d'après
Jacques Brel : « Ètre
naïf ? C'est fair les choses avec son coeur,
c'est une des dernières façons d'avoir une santé
morale » .
|